10.2.06

L'année 1943 à Conca


Au cours des opérations de libération de la Corse, qui durèrent du 9 Septembre au 4 Septembre 1943, la guerre a durement touché notre commune.

Confrontés à un débarquement imminent des alliés en Italie, qui déjà débarqué en Sicile, la 90e Panzer Division se prépare à passer de Sardaigne en Corse. Elle doit rallier Bastia puis rejoindre l’Italie du Nord.
En Italie le Duce avait été destitué fin juillet 1943. Lorsque cette destitution est officielle, le 8 Septembre, les résistants se préparent. Dès le 9 Septembre l’insurrection générale est déclenchée par le Front National, réseau de résistance à prédominance communiste.

Dans notre commune, comme dans toute l’île, les patriotes ont pris les armes. Le 11 au soir une embuscade est montée sur la route nationale à hauteur de Fautea. Confrontés à des blindés, les insurgés devront se replier sur Conca.

Le 19 Septembre les allemands viendront perquisitionner à deux reprises à Conca. Vraisemblablement, le village est soupçonné d’être un repère de résistants.
Alors que l’avant garde du 1er Bataillon de choc avait débarqué dans Ajaccio libéré le 13 Septembre, une fraction de ce bataillon arrive à Conca le 20. Ainsi, une quinzaine d’hommes dirigés par l’aspirant Jean-Pierre Michelin, auxquels s’était joint le lieutenant Jacobsen de l’état major du Bataillon, sont accueillis par la population. Une embuscade est aussitôt envisagé alors que les allemands font sauter le pont de la route Conca-Sainte Lucie.
L’embuscade a lieu le soir même. 21 patriotes et 12 chocs prennent position entre la rivière de Conca ( ) et le col de Fautéa. A 6 heures une colonne de 12 camions allemands est accueillie par les grenades et les FM des patriotes. Les allemands fuient. 5 camions seront détruits et 20 allemands tués. Les patriotes rejoignent Conca.
Dans l’après midi de ce 21 Septembre une patrouille allemande de 5 ou 6 hommes est forcée de se replier sous les tirs des patriotes dont Charles Lanfranchi et l’un des frères Nicoli.
Face au risque de représailles un plan défense est mis en place : les chocs, installés un peu avant l’église et utilisant le clocher comme observatoire, interdiront l’accès au village par la route alors que le groupe de Jeannot Mosconi assure la sécurité en direction de a bocca di Sadica surplombant le village. En outre un poste de guet est mis en place au niveau de l’embranchement menant à la Punta Calcina.
Cependant dans la nuit du 21 au 22 Septembre un détachement allemand réussit à s’infiltrer sans être détecté. 80 hommes dotés de mitrailleuses et de mortier prennent position sur les buttes rocheuses à l’entrée sud du village. Partit en reconnaissance l’aspirant Michelin et son guide Jean Baptiste Leccia croyant être protéger par le poste de guet seront tirés à bout portant. Il ne seront pas mort pour rien. Non seulement les chocs sont maintenant prévenus du danger mais en plus les allemands sont surpris de se trouver en présence d’un officier de l’armée régulière et ne savent donc pas quel est la force de frappe des hommes retranchés à Conca. Le lieutenant Jacobsen et Roger Ballès ouvrent le feu sur les allemands depuis le clocher. Ceux ci répondent par un tir nourri de mortier heureusement imprècis tout comme les tirs de canons depuis Taglio Rosso. Pendant ce temps Paul Olivesi et son groupe contournent les allemands. Paul Cavalloni ouvre le feu avec un FM aidé par Sauveur Camadini, Paul Mathieu Leccia, Raymond Mamelli et Jean Baptiste Susini. Les tirs allemands sont de plus en plus importants et Paul Cavalloni est mortellement atteint. Les patriotes et les chocs se replient. Puis les allemands tentent une seconde approche et sont une nouvelle fois arrêtés. Alors que la situation semble s’éterniser les allemands se replient et battent en retraite en emportant leurs morts et leurs blessés.
Lors des bombardements la population a fui le village se retranchant dans le maquis à Radicali et même à Cappeddu. Cependant, quatre concais fûrent blessés : Marie Françoise Leccia, Jéromine Leccia (l’épouse de Jean Baptiste), François Mannarini et Yvonne Susini.
Dans l’après midi une section du bataillon de choc commandée par l’adjudant Lemaire arriva en renfort à Conca.
Selon la gendarmerie de Sainte Lucie, ce jour là les allemands déplorèrent 5 morts et une vingtaine de blessés dans leurs rangs.

En ce 22 Septembre 1943 trois hommes, l’aspirant Michelin, Jean Baptiste Leccia, Paul Cavalloni, perdirent la vie pour protéger les concaises et les concais des représailles allemandes qui auraient sans nul doute été sanglantes. Saluons leur courage ainsi que celui de leurs camarades patriotes et des hommes du Bataillon de choc.

En Corse les combats continuèrent jusqu’au 4 Octobre date de la libération de Bastia correspondant avec celle de toute l’île.
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